Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commet un meurtre sera passible du jugement.
Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement. Celui qui traitera son frère de raka sera passible du sanhédrin. Celui qui le traitera de fou sera passible de la géhenne de feu.
Si donc tu vas présenter ton offrande sur l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande.
Arrange-toi vite avec ton adversaire, pendant que tu es encore en chemin avec lui, de peur que l'adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et que tu ne sois mis en prison. Amen, je te le dis, tu ne sortiras pas de là avant d'avoir payé jusqu'au dernier quadrant.
Matthieu 5.21-26
L'enseignement biblique sur la colère peut sembler ambigu : celle-ci n'implique pas obligatoirement un péché (Eph 4.26 ; Ps 4.4), mais il faut l'éliminer (Eph 4.31 ; Ps 37.4). Pourtant Moïse (Ex 32) ou Jérémie (Jr 6.11) se mettent en colère et Paul insulte les Galates. Jésus (Mc 3.5) et Dieu lui-même (Ex 4.14) se mettent en colère.
Dieu attire l'attention de Caïn (Gn 4) sur sa colère-émotion. S'il l'ignore, s'il ne l'évalue pas, s'il ne prend pas le contrôle sur elle, il s'expose à commettre l'irréparable. Sa colère n'est pas juste, il a un travail de mise en lumière à faire avec l'aide de Dieu. Je m'interroge alors :
Quelle est la source de ma colère ? Ma colère est-elle justifiée ? Ma réaction est-elle proportionnée ?
L'enseignement de Jésus se situe à l'étape suivante. Même si ma colère-émotion est justifiée, un mal a été commis envers moi, ma colère-parole ou ma colère-action ne peuvent être méprisantes. Les deux, insultes et colère, dont Jésus parle sont une seule et même action : quand ma colère m'aveugle et m'empêche de voir chez l'autre l'image de Dieu, de le considérer comme supérieur à moi-même. C'est le moment où je décide si je vais pouvoir ou non continuer à dire à l'autre « Tu es plus grand que ta faute ». C'est le mépris qui gagne le coeur de Caïn, qui peut nous pousser à l'insulte et qui l'a conduit lui au meurtre.
Pourtant, Dieu se met en colère et il suscite la colère de son prophète. La colère de Dieu est une limite qu'il fixe au mal. Cette colère qui devait tomber sur moi tombe sur Jésus et j'en suis attristé. Mais je comprends qu'ainsi Dieu juge le mal et apporte la solution à celui-ci : un jour, le mal ne sera plus ! Je suis aussi rassuré d'avoir là-haut un Père qui s'occupe de moi et sais me reprendre quand mes ténèbres reprennent le dessus. Il me faut moi aussi parfois fixer une limite au mal. À celui qu'on me fait, à celui qu'on fait à mon frère. Il me faut m'indigner, poser une parole, dénoncer et parfois agir. Et pour tout cela, la colère peut m'être utile. Elle m'alarme et si elle pointe un mal, il est peut-être psychologiquement dangereux et en tout cas moralement injuste de ne pas dénoncer le mal. C'est un impératif... mais je ne peux y répondre que si je peux le faire sans mépris.
Le passage se termine par deux histoires pour une conclusion : il est urgent et extrêmement important de gérer la question de la colère : celle que je ressens, celle que l'autre éprouve envers moi, qu'elle soit justifiée ou non. J'ai la responsabilité de prier, de laisser Dieu, de laisser un autre, examiner mon coeur pour identifier là où, moi aussi, j'ai peut-être été injuste. Avant de finalement venir voir l'autre, n'agissant plus sous le coup de la colère-émotion et étant prêt à un vrai dialogue.
Paul m'exhorte (Ro 12.18) à ce qu'autant qu'il dépende de moi, je sois en paix avec tous les hommes. Ce qui dépend de moi, c'est d'aller à la rencontre de l'autre. S’il est fermé, il dépend de moi d'attendre qu'il soit prêt, de prier pour lui et de garder la porte ouverte. Il dépend de moi de recevoir de Dieu le pardon ou la consolation en attendant.
Jésus rappelle quelques versets plus haut que ses disciples sont appelés à être lumière du monde. Et la discipline de la réconciliation à laquelle il nous encourage ici en est un moyen. Si l'Évangile est vrai, il doit changer quelque chose au plus profond de notre vie, même là où c'est le plus dur. Sous l'action du Saint-Esprit, notre vie doit changer, notre vie doit témoigner de la puissance de transformation de l'Évangile. Elle doit témoigner que Dieu ne tolère pas le mal, et témoigner de la grâce. Dieu fait ça pour nous, le vivre entre nous est un témoignage de ce que nous sommes un peuple nouveau et que l'Évangile transforme vraiment nos vies.
Mick D.