« Un bon moral permet de supporter la maladie,mais si le moral est abattu, qui le relèvera ? » (Proverbes chapitre 18 verset 14).

Le suicide de l’acteur Robin Williams a choqué quelques millions de personnes autour du monde. Mais c’est là un mystère : comment est-ce possible de quelqu’un dont le sourire a apporté tant de rires, de rires aux larmes, ait pu se retrouver dans un tel état de détresse ? Quelle souffrance l’a poussé à mettre fin à ses jours ?

Cette question nous rend perplexe… mais beaucoup se disent sûrement : « si vous saviez à quel point je suis déprimé, vous seriez surpris. »

J’écris ces quelques lignes en tant qu’homme qui a croisé à de nombreuses reprises des personnes dépressives dans ma propre famille, et en tant que pasteur qui a participé aux funérailles de personnes ayant mis fin à leurs vies.

Nombreux sont ceux qui se tournent vers les écritures pour comprendre. On peut y trouver non seulement l’espoir qu’elles nous donnent, mais aussi quelques descriptions sincères et détaillées d’une des maladies « intérieures » les plus répandues depuis le commencement : la dépression.

Plus d’une fois le roi David nous apparaît désespéré : des dizaines de récits dans les psaumes font état de lamentations. Mais, les textes vont au delà d’un état de déprime : ils décrivent l’impact du sentiment de désespoir sur le corps :

Psaume 38 :

Éternel, dans ta colère, ne me punis pas,et, dans ton indignation, ne me châtie pas !

Vois : tes flèches m'ont atteint, ta main m'a frappé.

Tout mon corps est douloureux sous l'effet de ta colère, dans mes membres, rien n'est sain, mon péché en est la cause.

Mes fautes s'élèvent bien au-dessus de ma tête, elles sont un poids bien trop lourd pour moi.

Mes plaies infectées suppurent : ma folie en est la cause.

Triste, accablé, abattu, je me traîne tout le jour, je sens un feu dans mes reins, plus rien n'est intact en moi. Je suis à bout, écrasé, j'ai le cœur en désarroi, je ne cesse de gémir.

Éternel, tous mes désirs je te les ai présentés, et tous mes soupirs sont connus de toi.

Mon cœur bat violemment et mes forces m'abandonnent, mes yeux ont perdu toute leur lumière. Ma plaie écarte de moi mes amis, mes compagnons, ceux qui me sont les plus proches restent loin de moi.

Ceux qui veulent me tuer m'ont tendu des pièges, ceux qui cherchent mon malheur parlent pour me perdre,ils murmurent des mensonges à longueur de jour.

Pourtant, moi je fais le sourd pour ne pas entendre, je reste la bouche close comme si j'étais muet.

Je suis comme un homme qui ne peut entendre et ne répond pas.

En toi, Éternel, est tout mon espoir. Tu me répondras, ô Seigneur, mon Dieu.

J'avais demandé: « Qu'ils ne puissent pas se moquer de moi et me regarder de haut lorsque je chancelle. »

Me voici près de tomber, ma douleur est toujours là,

Oui, je reconnais ma faute, mon péché m'angoisse,

Alors que mes ennemis sont pleins de vie, pleins de force, et qu'ils sont nombreux à me haïr sans raison.

Ceux qui me rendent le mal pour le bien que j'accomplisme font le reproche de vouloir chercher le bien.

Éternel, ne me laisse pas, ô mon Dieu, ne te tiens pas loin de moi !

Viens en hâte à mon secours, toi mon Seigneur, mon Sauveur!

 

On ne peut pas se contenter de dire que David a un petit coup de mou, qu’il n’est pas en forme, qu’il est triste ou malheureux. Mais on perçoit ce qui se produit quand la tristesse accable, qu’elle se change en désespoir et qu’elle affecte la santé physique.

Les personnes qui ont du succès sont aussi victimes de la dépression.

La prophète élie a vaincu des faux prophètes, des prophètes de Baal sur le mon Carmel. Quelle victoire éclatante grâce à Dieu ! Pourtant, fuyant devant la colère de Jézabel, le puissant élie sombre dans le désespoir. Il s’isole et finit par demander à Dieu dans la prière : « C'en est trop, dit-il ! Maintenant Éternel, prends-moi la vie, car je ne vaux pas mieux que mes ancêtres ! » 1 Rois 19:4.

Dieu ne condamna pas élie pour avoir succombé au désespoir. Dieu ne lui a pas dit : « Ressaisis-toi ! Debout ! Où est passée ta foi ? Remue-toi ! »

Un ange envoyé de Dieu « le toucha et lui dit :Lève-toi et mange ! » Dieu est comme ça : il lui donne du pain et de l’eau. Il prend soin de son enfant : « Lorsque les hommes justes lancent leurs cris vers lui, l'Éternel les entend ;aussi, il les arrache à toutes leurs détresses. Car l'Éternel est proche de ceux qui ont le cœur brisé.Il sauve ceux qui ont un esprit abattu. » Psaume 34:18-19

Désespéré, lui aussi, Jonas voulu mourir. « Maintenant, Éternel, prends-moi donc la vie, car la mort vaut mieux pour moi que la vie. »Jonas 4:3

Et puis il y a Job, dont la maladie (et tout ce qu’il avait perdu) avait provoqué le désespoir, dont les amis et la famille n’était pas d’une grande aide. On a souvent dit que Dieu n’a pas donné de réponse aux questions de Job. Peut-être… mais Dieu s’est offert lui-même. Dieu est comme ça. Se donner, c’est ce qu’il fait pour chacun, il est présent pour chacun et il prend soin de chacun.

Ce qui rend parfois la dépression très dangereuse, c’est l’isolement. Un tiers doit souvent aider une personne dans un état de dépression avancé. C’est ce tiers qui doit prendre contact avec des personnes compétentes, qui doit prendre ses rendez-vous médicaux, ou qui doit lui apporter une aide spirituelle. Il faut prendre conscience que ce contact peut être établi par chacun de nous. Il ne faut pas non plus se décourager si nos paroles ne semblent avoir aucun effet quand nous parlons à une personne qui souffre. Il suffit parfois, peut-être, d’un contact silencieux, une simple présence.

« Celui qui souffre a droit à la compassion de son ami, Même quand il abandonnerait la crainte du Tout Puissant. » Job 6:14

Mel Lawrenz (adapté pour le Français par MSO)