Je m’appelle Dominique, j'ai 51 ans, j’ai le bonheur d'être mariée à Éric depuis une petite trentaine d'années et nous sommes parents d'un jeune homme qui a 27 ans.

Je ne suis pas née dans une famille chrétienne, bien au contraire mes parents étaient non seulement athées, mais ils rejetaient farouchement Dieu.

La toute première fois que j'ai entendu parler de Dieu, c'était au début de l'année scolaire de mes 7, 8 ans. Tous les mercredis après-midi, j’allais jouer avec une amie, Anne-Claude, que j'aimais beaucoup. J'étais agréablement étonnée de son calme et de sa gentillesse. Je me sentais en sécurité avec elle.

Un mercredi, alors que nous prenions le goûter que nous avions apporté, assises toutes les deux en tailleur dans la petite cabane qu'on s'était construite, je lui ai proposé de se retrouver la fois d'après dans notre petit logis dès le matin et de partager le déjeuner ensemble, ce à quoi elle me répondit qu'elle n'était pas disponible puisqu'en effet, elle allait au catéchisme tous les mercredis matin, apprendre la vie du petit Jésus, de sa mère Marie et de Dieu (pour reprendre ses termes).

Étonnée, je lui ai demandé qui était Dieu. Et pour la première et seule fois, j’ai vu Anne-Claude sortir de son calme. Sans vraiment se mettre en colère, mais avec des yeux exorbités, elle me dit : « Comment ça ! Tu ne connais pas Dieu ». Et, pour résumer, elle m’expliqua qui était le petit Jésus, Marie et Dieu. Elle me dit ainsi que Dieu était le créateur de toutes choses, de l’univers, de la terre, et des hommes, qu’il était partout, même dans la petite cabane où nous nous trouvions, qu’il voyait tout, qu’il savait tout. Et surtout, il savait tout de nous, tout ce que nous avions fait et tout ce que nous allions faire, même les bêtises qu’on faisait et qu’on pensait. Elle évoqua également le paradis et l’enfer.

Nous sommes restées ainsi échanger sur Dieu et également sur le catéchisme. Je suis rentrée chez moi fin d’après-midi et tout au long du chemin, j’avais l’impression de marcher sans toucher terre. J’étais sonnée et effrayée aussi par les paroles d’Anne Claude. Ces échanges sont gravés en moi, sûre de ne jamais oublier.

Le soir, au dîner, il régnait le silence habituel. On ne parlait jamais ou si peu, et je vivais dans la crainte de mes parents, particulièrement de mon père. On n’entendait que le bruit des couverts, et dans ce silence monacal, après plusieurs hésitations et sans lever la tête de mon assiette, j’ai demandé : « C’est qui Dieu ? » et à cet instant, même le bruit des couverts s’est arrêté. Je n’en menais pas large, et j’ai fini par lever les yeux qui se sont arrêtés sur les cuillères qui, à ce moment précis, étaient restés en suspens. Et tout à coup, ma mère s’est levée d’un bond comme si elle avait des ressorts sous ses chaussures et a presque crié : « Ah non ! Pas de ça ici ! ». Je me souviens que sa chaise s’était renversée derrière elle et que je m’étais dit « Mais qui est Dieu pour que ma mère en ait peur ? ».

A mon grand étonnement, mon père qui était plus dur, s’est amusé de sa réaction en disant qu’il fallait bien que ça arrive un jour et s’est montré exceptionnellement pédagogique. Il m’a expliqué qu’il n’y croyait pas, que c’était la raison pour laquelle je n’étais pas baptisée mais que néanmoins il m’autorisait à me rendre au catéchisme en me précisant toutefois que je serai obligée d’y aller jusqu’à la fin de l’année scolaire même si ça ne me plaisait pas.

Le lendemain, les semaines suivantes je me rendais à l’école, effrayée par ce Dieu très sévère puisqu’il m’avait été présenté comme tel, les poings serrés dans les poches de mon manteau et en fixant le sol et m’obligeant ainsi à ne pas penser afin de ne pas avoir de vilaines pensées.

Je me suis rendue au catéchisme mais finalement sans aucune joie : je n’y retrouvais pas l’affection que me témoignait Anne-Claude. Bien au contraire.

Les années se sont écoulées, j’ai fini par avoir moins peur de ce Dieu sévère et même parfois à l’oublier. Puis, adolescente, j’ai commencé à ressentir une immense solitude et à me poser des questions existentielles et puisqu’il n’y avait pas de télé à la maison, je me suis réfugiée dans les livres. Je les dévorais les uns après les autres mais ils ne comblaient pas ma solitude et ne répondaient pas à mes questions.

Alors, j’ai fini par oser reposer La question, un soir, à table toujours dans ce silence pesant mais cette fois, je dus faire face à des moqueries. Mes parents me dirent : « Tu te poses trop de questions, tu as à manger dans ton assiette, tu es habillée, tu as la chance d’aller à l’école, tu n’as rien à demander de plus ! ».

Plus tard, j’ai tenté à nouveau plusieurs fois, en leur demandant quel était alors le sens de cette vie, de la vie en général mais systématiquement, j’étais raillée et j’ai fini par abandonner.

Après le lycée, j’ai quitté la maison pour rejoindre mon petit ami à Paris, et pour travailler. Je me suis mariée, et pendant un temps, je connus une certaine euphorie. Mais très rapidement, les choses se sont dégradées. J’appris en effet que mon mari exerçait l’adultère avec une facilité déconcertante, avait de multiples liaisons tout en exigeant de moi la fidélité.

Tout s’écroulait, plus rien n’avait de sens, j’ai fini par partir à nouveau en compagnie de la solitude. J’étais dévastée, et évidemment les questions existentielles ont refait surface. C’est à ce moment que le Seigneur a refrappé à ma porte, en faisant irruption très doucement dans mon esprit, lui qui ne m’avait jamais oubliée. J’ai alors commencé progressivement à prier, à lui parler, de plus en plus souvent, au travail, en voiture, lorsque je me retrouvais seule mais j’en avais toujours peur jusqu’au jour où je fis la connaissance d’Éric grâce à une amie, Yasmina qui connaissait ma situation et mes crises existentielles.

Éric était déjà un chrétien convaincu et lorsque nous nous sommes retrouvés seuls tous les deux, Éric m’a alors expliqué pendant des heures, et même des jours qui était Jésus, le sens de sa venue, l’œuvre magnifique et magistrale de la croix, à la lumière des textes bibliques. Ainsi j’ai compris progressivement que je n’avais pas à avoir peur puisque j’étais pardonnée et j’ai compris également le véritable sens de la vie.

Le Seigneur, en me présentant à un de ses fils, m’a également apaisée en me présentant son œuvre, et le sens de sa venue. Et pour la première fois de ma vie je me suis sentie réellement aimée.

Nous nous sommes mariés, nous nous sommes rendus dans notre première église évangélique, et quelques mois après, nous avons été baptisés ensemble.

Galates 3, versets 1 à 7 : « Or, aussi longtemps que l’héritier est enfant, je dis qu’il ne diffère en rien d’un esclave, quoiqu’il soit le maître de tout ; mais il est sous des tuteurs et des administrateurs jusqu’au temps marqué par le père. Nous aussi, de la même manière, lorsque nous étions enfants, nous étions sous l’esclavage des principes élémentaires du monde ; mais, lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin qu’il rachète ceux qui étaient sous la loi, afin que nous recevions l’adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi, tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu ».

 

Dominique