Dans son précis d’histoire biblique d’Israël, le professeur Brian Tidiman pose la question du premier homme : « Faut-il situer l’existence du premier véritable membre de la race humaine au néolithique (v. 10 000 avant J.-C.) pour tenir compte des civilisations mises au jour par les archéologues ?

Faut-ilrepousser l’apparition du premier humanoïde jusque vers 400 000 avant J.-C. afin de laisser le temps nécessaire à l’évolution des espèces dont l’homme serait l’apogée ? Mieux vaut avouer qu’en l’état actuel de nos connaissances,
il serait hasardeux de vouloir trancher la question » 


Gleason Archer préfère affirmer : « Adam fut le premier homme créé à l’imagespirituelle de Dieu, selon Genèse 1:26-27. Aucune preuve scientifique ne saurait démontrer la fausseté de cette affirmation » 


Retracer l’histoire de nos lointains ancêtres, les grands événements qu’ils ont vécus, comme leur quotidien, reste un vaste champ de recherche pour la science. Nous ne connaissons que peu de choses des époques antérieures au 10 ème millénaire avant J.-C., mais le résultat des fouilles archéologiques lèvent peu à peu le voile sur notre passé. Les hommes auraient été longtemps des nomades, vivant le plus souvent en plein air et parcourant l’espace, au rythme des saisons, pour suivre les troupeaux qu’ils chassent, et trouver, grâce à la cueillette et la pêche, de quoi se nourrir. Tous avaient en commun le souci de se mettre à l’abri et de se protéger, sous des parois rocheuses ou dans des habitations plus élaborées comme des tentes ou des huttes.

L’INVENTION DE L’ÉCRITURE : UNE ( R )ÉVOLUTION CULTURELLE

L’histoire du monde, en particulier celle du Proche-Orient qui intéresse notre récit, commence avec l’apparition de l’écriture, vers 3500-3000 avant J.-C., une invention fondamentale pour l’humanité, que va utiliser l’Eternel pour transmettre sa Parole aux hommes. Elle s’inscrit dans la période du Néolithique (celle dite de la « pierre polie ») qui a débuté des millénaires auparavant, et qui a déjà été témoin d’un jaillissement de cultures et de civilisations. Il faut avoir en tête cet environnement culturel quand on lit le parcours des patriarches. Lorsqu’Abraham apparaît, vers 2000 ans avant J.-C., le monde civilisé dans lequel il évoluait était déjà ancien.


Quelques repères. Dès 9.000 avant J.-C., on voit apparaître les premières installations sédentaires. Les gens commencent à devenir gardiens de
troupeaux et cultivent des céréales. Plusieurs villes sortent de terre, entre autres en Palestine, en Syrie et en Mésopotamie. La première ville, Jéricho, aurait compté 2000 habitants, une bourgade entourée de murs avec des tours  de guet et des maisons rondes, mais aussi une économie, un commerce, des cultures irriguées, un aménagement matériel. La communauté s’organise
autour d’un gouvernement. Plus tard, les maisons possèdent de luxueux revêtements de sol, des tapis en roseaux. Des villages identiques
apparaissent en Mésopotamie, du côté du fleuve Euphrate. A Chypre, les plus anciennes zones habitées ont des rues pavées, des maisons à étages. A partir de 6000 avant J.-C., on fabrique des poteries, des outils en cuivre, etc.


Les premières traces d’écritures dateraient de 3500 à 3000 av. J.-C. soit environ 1000 ans avant Abraham. Des tablettes d’argile leur servaient de support, chaque civilisation s’appropriant un langage écrit qui lui est propre, sous diverses formes : hiéroglyphes, idéogrammes, écriture cunéiforme. La civilisation sumérienne atteint pour la première fois sa maturité. Elle produit des œuvres extraordinaires : bijouterie, sculptures, œuvres littéraires. En Mésopotamie, les cités-Etats sumériennes rivalisent avec l’Egypte dans le domaine des arts et de l’administration. Toutes ces grandes civilisations, même tournées vers des centres urbains, étaient fondées sur l’agriculture et l’élevage. La ville est un centre du pouvoir politique, l’agriculture et les villes satellites des centres de production alimentaire.


« AU COMMENCEMENT »

Les deux premiers chapitres de la Bible révèlent l’histoire de cette humanité à travers une vision littéraire. « Dieu créa les cieux et la terre ». En hébreu, le verbe est au singulier et le sujet (Dieu) est au pluriel. Ce pluriel est la première révélation biblique de la trinité, « trois » Dieu (le sujet au pluriel) en un seul Dieu (le verbe au singulier). « Ecoute Israël le Seigneur notre Dieu le Seigneur est un » (Deutéronome 6:4) 3 . Dieu choisit de se révéler aux hommes, par une parole qu’il adresse à certains et qui sera couché par écrit, dans un recueil qu’on appellera la Bible (du grec « biblia », les livres, il y a en 66 entre l’Ancien et le Nouveau Testament).


Puis il crée l’homme et la femme, Adam et Eve, qu'il fait vivre dans un "jardin des délices", l'Eden. La relation entre Dieu et ce couple est belle, une intimité profonde et vraie. Mais survient la tentation du mal, et le couple choisit la désobéissance à Dieu. Ils découvrent leur nudité en même temps que la pudeur. Et sans doute la culpabilité en même temps que la peur. La rupture relationnelle avec Dieu est profonde. Ce dernier reste auprès d'eux, mais les chasse du jardin d’Eden. Il les couvre d'un vêtement de peau (premieranimal tué) pour cacher leur nudité. Adam et Eve ont deux enfants : Caïn et Abel. La tentation du mal est désormais attachée à l'homme : Caïn en vint à haïr son frère, et à le tuer. Episode violent, abrupt, choquant. Les premiers pas de la race humaine sont ainsi dépeintes par la désobéissance et le fratricide.

Le mal continue de croître dans l'humanité, et Paul dira justement « Il n’y a pas de juste, pas même un seul » (Romains 3:10). Dieu chasse Caïn loin de cet endroit. Ce dernier a des enfants, et sept générations sont décrites dans la Bible. Genèse 4:17 « Caïn connut sa femme ; elle devint enceinte et accoucha de Hénoc. Il bâtit ensuite une ville et donna à cette ville le nom de son fils Hénoc ». Les versets 17 à 24 soulignent
le développement rapide de la civilisation urbaine : élevage, arts et métiers, métallurgie.


Adam et Eve ont un autre fils : Seth. Eve dira : « Dieu m’a donné un autre descendant à la place d’Abel » (Genèse 4:25). On lit dans la Genèse
l’énumération de dix générations issues de Seth jusqu’à Noé. Nous lisons dans Genèse 4:26 : « à Seth aussi il naquit un fils qu’il appela du nom
d’Enosch. C’est alors que l’on commença à invoquer le nom de l’Eternel »

Les descendants de Caïn s’occupent de leurs intérêts matériels et du progrès. Quant aux descendants de Seth ils invoquent l’Eternel en qui ils mettent leur confiance.

Dans le texte biblique, la mise à l’écart (provisoire) de nations entières issues de Caïn souligne le choix de Dieu qui se porte sur Seth et ses descendants, jusqu’à Noé. La mort clôt l’histoire de chaque génération (exception faite pour Hénoch dans Genèse 5:24). Cela rappelle la gravité de la faute originelle, car tous les hommes en Adam (c'est-à-dire ses descendants) sont solidaires de ce péché et sa conséquence ultime, la mort.


La Bible poursuit le récit. Au temps de Noé, les hommes sont devenus extrêmement mauvais. Genèse 6:5 « L’Eternel vit que la méchanceté de
l’homme était grande sur la terre et que chaque jour son cœur ne concevait que des pensées mauvaises. ». La terre était corrompue et l’on peut imaginer toute l’ampleur du mal qui devait régner à cette époque. Le Seigneur demande à Noé de construire une arche. Lui et sa famille y rentrent, avec des couples d’animaux représentant chaque espèce animale.


Seuls huit rescapés, portés par les eaux, subissent le déluge sans mourir : Noé et sa famille. Nous retrouvons des traces de cet épisode de l’histoire humaine dans des textes comme l’Epopée de Gilgamesh qui est un vieux document mésopotamien où il est question d’un déluge, et d’un bateau avec des animaux. Différentes versions d’un tel déluge se retrouvent dans plusieurs régions du monde, et attestent du souvenir d’un tel cataclysme. « Le déluge marquait dans l’Histoire une coupure extrêmement nette, sans contestation aucune » 

Au-delà du récit, le texte a aussi une forte valeur spirituelle, il s’agit d’un voyage de la mort vers la vie, préfiguration du baptême, comme le souligne l’apôtre Pierre dans deux textes. 2 Pierre 2:5 et 9 tout d’abord « S’il (Dieu) n’a pas épargné le monde ancien mais s’il a préservé huit personnes, dont Noé, prédicateur de la justice lorsqu’il fit venir le déluge sur un monde d’impies, (…), c’est donc que le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux et réserver les injustes pour les châtier au jour du jugement. 1 Pierre 3:21 en parlant de l’arche « C’était une figure du baptême qui vous sauve ».


Dieu fait alors alliance avec Noé (Genèse 9:11). Il n’y aura plus jamais de déluge, Dieu en fait la promesse, et l’arc-en-ciel sera le signe constant de cette promesse. Ce serait également à partir de cette époque que l’homme commence à se nourrir de viande (Genèse 9:3). Noé a trois fils, Sem, Sham et Japhet. Noé plante une vigne dont il tire du vin avec lequel il se saoule. Il est nu dans sa tente quand Cham rentre et le voit sans vêtement. Il en parle à ses frères Sem et Japhet qui se précipitent pour le couvrir. Une fois dégrisé, Noé apprend cet épisode et maudit la descendance de Cham à savoir Canaan. Sem est l’ancêtre des sémites.


Survient alors un deuxième épisode tragique, qui révèle que la révolte des hommes contre Dieu ne s’est pas éteinte, bien au contraire. Non loin de la ville de Babylone, dans une plaine appelée Chinéar, un immense chantier de construction érige une pyramide à plusieurs étages. Selon toute vraisemblance, c’était une ziggourat, monument mésopotamien dont on a encore les traces de quelques spécimens, qui servait de lieu d’observation des étoiles, et où le culte mésopotamien y était aussi célébré. Celui décrit dans la Genèse porte le nom de tour de Babel. Le dessein des constructeurs est de se faire un nom, autrement dit vouer un culte à leur image et à leur gloire. Genèse 11:4 « Bâtissons-nous une tour dont le sommet touche au ciel et faisons-nous un nom ». Ils sont arrêtés par Dieu avant la fin de la construction, qui prononce une sentence sur ces rebelles : chacun parle désormais une langue différente. Ne pouvant communiquer, ils se séparent et sont disséminés sur toute la surface du globe.


Cet épisode n’est pas que négatif. Oui, les hommes sont dispersés, et ne se comprennent plus, à cause de leur péché contre Dieu. Mais des milliers d’années plus tard, à la Pentecôte, le Saint-Esprit réalise un miracle qui brise cette malédiction. Il vient sur les apôtres et leur donne de parler différentes langues sans les avoir apprises, ce qui leur permet de prêcher Jésus-Christ à toutes les personnes qui étaient venues à Jérusalem pour la fête des moissons. Actes 2:8 : « Comment les entendons-nous chacun dans notre propre langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène et ceux qui sont venus de Rome juifs et prosélytes, crétois et arabes. Nous les entendons
parler des merveilles de Dieu. »

Revenons à Noé, ou plutôt à son fils, Sem. La lignée de ce dernier se prolonge sur dix générations jusqu’à Abram. Le père d’Abram s’appelle Térah. Il est le riche propriétaire d’un grand troupeau. Il a trois fils : Abram (c’est plus tard que Dieu lui donnera le nom d’Abraham), Nahor et Harân, lui-même père de Loth. Nous sommes en 2000 avant J.-C. Dieu ordonne à Abram de partir d’Our, dans la région de Chaldée, pour rejoindre un pays nouveau, qu’Il lui montrera. Dieu ordonne ainsi à Abram, descendant de Sem, de tourner le dos
à la région frappée de plein fouet par le péché.

L’histoire primitive est sombre. La preuve est faite de l’incapacité de l’homme à plaire à Dieu. Mais Dieu veille sur ses créatures et accomplit son plan dans une lignée qu’Il s’est choisie pour porter son message. Abram illustre par toute sa vie cette vérité réconfortante. Avec Abram débute l’histoire d’Israël.

André